Le propos de cet article prend pour point de départ une cérémonie traditionnelle qui se tint à Durham (Northumbrie, Angleterre) à partir de la fin du XIe s. : à la mort de l'évêque du lieu, les sceaux-matrices de ce dernier étaient officiellement détruits et liturgiquement offerts à saint Cuthbert, patron vénéré de la cathédrale de Durham dont il fit, par sa renommée, un centre de pèlerinage important. À partir du XIVe s., le don des sceaux donne lieu à une étape supplémentaire. Brisés, ils sont transformés en calices ou en images épiscopales inscrits, en vers, à la titulature des évêques décédés. Le texte de l'inscription mentionne aussi de façon explicite l'origine sigillaire de ces objets. Ces métamorphoses sigillaires semblent, dans l'état actuel de nos connaissances, assez exceptionnelles et c'est pourquoi il semble opportun d'en donner une analyse qui les suive à la trace. Ainsi, il convient d'abord de s'interroger sur les manipulations dont firent l'objet les sceaux-matrices dans la période centrale du Moyen Âge occidental, et sur le rapport que ces manipulations révèlent entre sceaux et « soi ». Puis se présente la question des relations entre sceaux et sentiments religieux, laquelle pousse à examiner la place du sceau dans la spiritualité et dans les rites funéraires, tels qu'ils nous sont actuellement connus, des élites médiévales. Sur ce fonds de remarques plutôt générales, il conviendra ensuite d'esquisser la situation propre à Durham : le culte de saint Cuthbert, les pèlerinages et leurs activités symboliques (enseignes, images votives), les pratiques sigillaires, et les rites funéraires. Pour finir, sont proposées quelques conclusions sur la place du sceau dans la panoplie des signes déployés pour assurer l'identité de soi, et ce, jusque dans l'éternité.
L'au-delà du soi. Métamorphoses sigillaires en Europe médiévale
Tipologia:
Livello Bibliografico:
Fa parte di:
Cahiers de civilisation médiévale
Numero:
196
Anno:
2006
Pagine:
337-358
Fonte:
Persée
Note:
49e année
Octobre-décembre 2006. La médiévistique au XXe siècle. Bilan et perspectives.
Abstract: